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Les anges gardiens des crapauds sous les projecteurs

15 mars 2024

Nature Environnement

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Le Département, aidé de deux associations et de nombreux bénévoles, sauvent les crapauds des roues des voitures en les ramassant avant qu’ils ne traversent la route. Plus de 110 000 ont ainsi été épargnés depuis la mise en place de ce dispositif dans l’Eure.

Crapauds communs, grenouilles rousses, salamandres… Emergeant de leur léthargie hivernale, les amphibiens rejoignent, par centaine, leur étendue d’eau toute proche afin de s’y accoupler. « C’est un phénomène qui se produit dès que les nuits sont plus douces et humides, en février-mars », explique Benjamin Courteille, technicien zone humique à la direction de l’environnement du Département qui tient à rappeler que « cette sauvegarde ne pourrait pas avoir lieu sans la participation de tous. C’est une action transversale qui mobilise nos collègues des routes et des bénévoles encadrés par les associations LPO et 1001 Légumes. »

5 sites de migration majeures dans l’Eure

Bottes, lampe, gilets jaunes et gants sont indispensables pour cette mission étonnante qui mobilise une trentaine de bénévoles dans l’Eure, sur 5 sites de migration majeures. Des anges gardiens soucieux, jeunes ou moins jeunes, pour qui « une vie est une vie. Ils n’ont rien demandé et se font écraser par nos voitures », rapporte Raoult, bénévole à Saint-Cyr-la-Campagne. « C’est important pour moi de participer à cette action qui sauve les animaux de notre campagne. »

Pondre leurs œufs dans l’eau

Ainsi, jeudi 14 mars 2024, alors qu’il fait nuit noire, 38 amphibiens ont pu être récupérés dans les seaux installés au bord de la RD86, dans la vallée de l’Oison. Grâce à des bâches positionnées le long de la route, sur environ 300m, les petits animaux sont piégés pour mieux être protégés. Ramassés délicatement par les bénévoles, ils sont ensuite comptés et replacés de l’autre côté de la route, dans le bon sens pour se rendre jusqu’au point d’eau où les femelles pondront leurs œufs. Chaque année, sur chaque site aménagé, entre 3 000 et 5 000 amphibiens sont ainsi interceptés avant de prendre la route.

agents en train de travailler — Les agents des routes, plus habitués aux engins de fauchage et aux déneigeuses, se mobilisent chaque année pour installer les bâche de protections en bord de chaussées. Ici, sur le site de Mainneville, près de Lyons-la-Forêt.

deux personnes — Myriam Duteil (à droite) avec une bénévole lui montrant un couple de crapauds.

« Les amphibiens sont indispensables »

« C’est un système efficace et qui a fait ses preuves depuis 2009 », souligne Myriam Duteil, vice-présidente du Département, lors de sa visite sur le site de Neuf-Moulin/Saint-Cyr-la-campagne, aménagé pour la première fois cette année. « Les amphibiens sont indispensables au bon équilibre des écosystèmes et garant de la qualité de nos patrimoines naturels donc de notre cadre de vie. Sur ce site, les bénévoles ont déjà aidé 508 amphibiens à traversé la route. Et au total, depuis la mise en place de ce dispositif de protection sur certaines routes départementales, plus de 110 000 animaux ont été ramassés. »

Protéger les animaux, sécuriser les automobilistes

Les amphibiens sont des espèces protégées. En France, 20% sont menacées d’extinction. La mortalité liée à la circulation routière pendant leur migration représente une menace importante, mais n’est pas la seule. Ils souffrent aussi du dérèglement climatique et de la destruction de leur milieu de vie (mares et haies bocagères). Si l’installation de bâches de protection par le Département de l’Eure vise à les préserver, le dispositif répond aussi à un autre objectif : sécuriser la chaussée. En effet, les nombreux écrasements rendent souvent la route glissante, donc accidentogène.