Installé depuis 1998 sur l’exploitation familiale, Jérôme Bourgault, 44 ans, est fier de ses 60 vaches. Elles produisent 380 000L de lait par an destinés à la fabrication de camemberts au lait cru AOP.
« Quand on fait un produit de qualité, ça fait plaisir. L’INAO (institut national des appellations d’origine) nous impose un cahier des charges très strict. La moitié de mes vaches doivent être de race normande et pâturer au moins 6 mois dans les herbages. La grande partie de leur alimentation doit être produite sur la ferme. »
Le lait représente environ 60% des revenus de l’agriculteur, dû notamment à l’AOP : « L’appellation d’origine protégée permet d’avoir de meilleurs prix de vente de notre lait. En ce moment le litre est payé 0,45 cts (décembre 2018). En revanche, les contraintes sont en proportion. Il faut être rigoureux pour tout, surtout l’hygiène. »
« J’aime mon métier »
Fils d’agriculteur, Jérôme Bourgault, célibataire, aime son métier : « Je ne me voyais pas faire autre chose. D’ailleurs, après le collège, je suis allé au lycée agricole de Chambray pour passer un Bac puis un BTS. J’aime le contact des animaux, j’aime m’occuper de mes vaches, être au grand air. J’apprécie également être mon propre patron. »
Pourtant, le fils de l’ancien maire de Saint-Denis-d ‘Augerons avoue que les contraintes administratives et environnementales liées aux aides lui pèsent beaucoup :
« On a toujours peur de se faire contrôler. Et puis aujourd’hui, quand on travaille dans les champs, on a l’impression d’être mal vu même lorsqu’on n’est pas en train de traiter. Les gens ne comprennent pas toujours bien notre métier. Pendant la moisson par exemple, certains voisins se plaignent parce que nous travaillons parfois la nuit. Mais en général, quand on leur explique, tout s’arrange. »
10 km de haies à entretenir
Mais qui dit vaches dit herbages. Située à la limite de l’Orne, l’agriculteur, doit aussi entretenir quelques 10 km de haies et bordures de bois. D’où l’achat, grâce à la subvention du Département, d’une épareuse, un engin qui sert à couper et broyer en même temps les branchages.
« Avant d’avoir la machine, que je n’aurais jamais pu acquérir sans l’aide du Conseil départemental, je faisais entretenir mes haies par une entreprise à raison de 50 à 60 € de l’heure. C’était très coûteux même si je ne le faisais pas faire tous les ans. Maintenant, je vais tout faire tout seul. »
Une contrainte supplémentaire ? « Oui mais les haies font partie de l’écosystème et du paysage normand. Il n’y a rien de mieux que les haies pour les animaux qu’y peuvent s’y abriter quand il y a du soleil, de l’eau ou du vent. Je pense même en replanter. »
Autre avantage de l’épareuse : « Avant, je passais du traitement sous les clôtures électriques pour éviter que l’herbe ne pousse trop. Avec la machine, je vais éviter les traitements. »